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S.D.F.

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De la burle aux alizés

Saltimbanques Des Flots

New-York

Nous arrivons à New-York le 7 juillet, accueillis par le son des cloches insérées dans les bouées et par la silhouette majestueuse du pont Verrazano.

Nous naviguons sous la statue de la Liberté dans le chenal quelque peu agité par une multitude de bateaux, de barges, de cargos et de ferrys. Mais l'instant reste magique, attendu par Patrick depuis longtemps.

Au moteur, nous longeons Manhattan, découvrant ainsi le nombre incroyable de gratte-ciels, de tours, de buildings. Nous sommes frappés par ces rues rectilignes que nous apercevons sur des centaines de mètres.

Nous mouillons, la première semaine, à coté de la marina de la 79ième rue: les catamarans ne peuvent plus disposer de bouée de peur qu'ils ne les emmènent par coup de vent. Nous trouvons refuge sur l'Hudson River. Le fort courant (jusqu'à 5 nœuds), les marées et les vagues des gros bateaux ne facilitent pas l'ancrage mais le sol argileux et vaseux maintient notre ancre sans trop de difficulté. Le soir venu, nous sommes encerclés par les lumières de la ville et nous avons l'impression que la nuit ne tombera jamais.

Nous fêtons sur un bateau français le 14 juillet, en compagnie de trois couples de navigateurs fort sympathiques. Il faut donc se trouver à l'étranger pour être patriote et apprécier comme jamais un feu d'artifice tiré dont ne sait où mais qui embrase l'Hudson River et nous fait chaud au cœur, à moins que ce ne soit le bon vin servi par Bernard!

Dès le lendemain, nous craquons sous le charme de La Grande Pomme! Malgré le coté un peu agoraphobe de Patrick, malgré les réticences que nous avions avant de visiter les musées, malgré la cherté du port et de la vie en général, nous sommes nuit et jour étonnés, bluffés, admiratifs et stupéfaits.

Dès nos premières promenades dans les rues de Manhattan, nous nous retrouvons dans des décors déjà vus dans des films, des téléfilms, ou des reportages télé. Mais tout est plus impressionnant, grandiose et plus magique. Il nous faudrait plusieurs paires d'yeux pour regarder à la fois les passants, les hauts des buildings, les centaines de taxis roulant à folle allure...

Avant l'arrivée des enfants, nous faisons connaissance avec ces rues démesurées, ces magasins débordants de marchandises et de clients, ces quartiers tous différents mais tous passionnants. Nous apprécions la gentillesse des New-Yorkais, toujours prêts à nous aider dans le métro, à nous guider lors de nos achats, à nous renseigner le mieux possible pour le choix d'un restaurant.

La semaine suivante, nous entrons à l'intérieur de la marina, quelque peu délabrée mais où l'eau, l'électricité et les machines à laver sont à profusion: un grand luxe pour les navigateurs que nous sommes devenus!

Charles-Antoine nous prépare, en excellent conducteur, un planning du tonnerre et nous voici transformés en touristes assidus, organisés et survoltés.

Notre première visite est pour le Métropolitan Muséum of art (le M.E.T. pour les intimes), où nous nous rendons sans grande conviction, il faut bien l'avouer. Cependant, la richesse, le nombre et la diversité des œuvres nous embarquent et, malgré notre méconnaissance artistique, nous sommes en admiration devant ces tableaux dont nous ne connaissions que de vagues reproductions.

Chacun d'entre nous a son propre coup de cœur, mais les tableaux de Van -Gogh nous font particulièrement fondre d'émerveillement. Nous sommes également heureux de pouvoir contempler les tableaux de Matisse, de Picasso, de Monet et de Rembrandt.

Un tour de ferry plus tard, un géant hamburger dans l'estomac, nous voici à l'assaut de l'Empire State Building. Ce gratte-ciel mesure 418 m de haut, il comprend 102 étages, et il est, suite au 11 septembre, le plus haut de la ville... La vue est magnifique, nous voyons trente kilomètres à la ronde et admirons la ville et la banlieue avoisinante de jour, au crépuscule puis de nuit.

Le lendemain, toujours guidés par les garçons chapeautés, nous parcourons le Museum of Modern Art (les branchés disent MoMA). Nous commençons par le cinquième étage et nous tombons encore en admiration devant "la nuit étoilée" de Van Gogh, "Nymphéas" de Claude Monet, "La persistance de la mémoire" de Dali que j'imaginais cependant plus grand et "La Danse" de Matisse.

Par contre, le reste de la visite, l'expressionnisme abstrait et le modernisme nous laisse pantois et déçus, sans doute par manque de culture ou d'imagination et, en béotiens que nous sommes, nous ne comprenons pas les exclamations des visiteurs devant "carré blanc sur fond blanc" ou devant la botte de foin et son aiguille dorée!

Nous déambulons ensuite dans les quartiers de China town, Little Italy, Wall Street où nous sommes époustouflés par le nombre de magasins, la foule toujours grossissante, le va et vient incessant des taxis de couleur jaune. Nous sommes émus au Ground Zéro, devant le mur commémoratif des attentats du 11 septembre et devant les photos des victimes. Des gratte-ciel sont en construction et Charles-Antoine nous décrit le gigantesque chantier de manière très professionnelle.

Le quartier de Times Square est, à lui seul, une ville dans la ville. Les immenses panneaux publicitaires courent en trois dimensions dans les rues, rivalisant2 d'originalité et de lumière, des foules entières se croisent à chaque carrefour, les grandes enseignes se succèdent, débordantes de vitrines colorées et attrayantes.

Les spectacles de Broadway sont onéreux ( de 90 à 160 $ la place, parfois plus) mais des kiosques proposent des billets à tarifs réduits de 25 à 50% pour le soir même. Moyennent quand même une bonne heure d'attente, nous achetons des places pour la comédie musicale " West Side Story". Nous passons un très agréable moment: les danseurs et chanteurs sont excellents, la musique jouée par un grand orchestre nous ravit. Lorsque nous rentrons, se sont encore des milliers de personnes qui grouillent, boivent et mangent dans les rues. De l'intérieur non plus, New-York ne dort jamais et il n'y fait jamais nuit.

Central Park aussi a droit à notre curiosité, fort bien placée d'ailleurs. Ce parc, en plein cœur de la ville, est très étendu ( 4 km de long et 800 m de large). Les réverbères numérotés permettent de se repérer aisément, les New-Yorkais courent, se promènent, se délassent et bronzent en tout sécurité et en toute quiétude. Dans ce parc, comme dans les autres plus petits, il suffit de s'asseoir sur un banc et le défilé des personnes est, à lui seul, une découverte riche de couleur, de diversité et d'originalité. Des musiciens, des "claquettistes", des chanteurs, des athlètes se donnent en spectacle et les passants s'arrêtent quelques instants, profitant de l'énergie de ces dynamiques artistes.

Avec Paul-Alexis, nous visitons quelques jours plus tard l'Americain Museum of Natural History. C'est le plus vaste du monde, il s'étend sur 22 bâtiments, à l'orée de Central Park. Les photos que je sélectionne ne sont pas forcément les plus représentatives, mais elles font un petit clin d'œil aux chasseurs de la famille et à mon beau-père en particulier.

Un mois passé à New-York et dans les environs a changé notre manière de penser. Nos préjugés, bien français, étaient faux: les américains de New-York sont propres, écolos, serviables, sportifs, minces et ils sont habillés de manière élégante.

Nous quittons New-York à regret mais avec l'envie de connaitre l'Amérique plus profonde, conscients que New-York, avec son niveau de vie prohibitif, ne représente pas la majeure partie du pays.