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S.D.F.

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De la burle aux alizés

Saltimbanques Des Flots

 FAKARAVA, TAHANEA, LA VIE EN ROSE- CÉLADON!

Classé réserve de la biosphère par l'Unesco, l'atoll de Fakarava est en passe de devenir une célébrité touristique,   grâce à la richesse de ses fonds sous-marins, à la beauté de ces îlots bordés de petites plages aux délicates nuances de blanc, rose clair, ou saumon clair et une infrastructure hôtelière croissante.

Par sa superficie, c'est le deuxième atoll des Tuamotu, son anneau corallien s'étend sur 60 km de long, pour 25 km de large. L'entrée en bateau se fait par deux passes opposées:  au Nord, celle de Garue et au Sud, celle que nous emprunterons, celle de Tumakohua.
C'est à Rotoava que nous récupérons nos deux V.I.P, nos enfants que nous recevons avec grand plaisir pour trois semaines de vacances au bout du monde.
L'aéroport est minuscule mais dessert Papeete et Rangiroa très régulièrement. Les passagers arrivent sur le tarmac, et les colliers de fleurs de bienvenue  sont échangés, comme le veut la tradition.

Rotoava, la ville principale de cette île  est très accueillante, une épicerie en libre service, une boulangerie, la poste, quelques magasins d'artisanat, un snack, un restaurant « les pieds dans  l'eau » contribuent largement à notre bonheur et à notre besoin de ravitaillement.
Une goélette approvisionne  l'île une fois par semaine et nous pouvons acheter gaz, gasoil et essence directement au capitaine, à la condition expresse de venir accompagnés  d'un paumotu.

Pour nous rendre dans le sud de Fakarava, nous empruntons le chenal bien balisé qui longe la  côte et admirons au passage les plages de sable rose, les cocoteraies, les fermes perlières, sous un ciel d'azur et une température clémente de vingt- huit degrés.
Le mouillage de Tikatoga est une escale de rêve, le cadre idyllique nous ravit, la chasse au crabe est une réussite et nous avons la chance d'accueillir une visite inattendue, celle d'un grand oiseau peu sauvage qui vient se poser en douceur sur nos bonnes petites têtes.

À Tétamamu, nous jetons l'ancre dans trois mètres d'eau transparente et peuplée de requins et de poissons colorés.
Les plongées dans la passe Sud tiennent toutes leurs promesses, malgré notre difficulté à comprendre et à anticiper les courants sortants ou entrants, les heures de marée, l'étal, dans cette passe étroite, agitée et habitée par des centaines de requins à pointes blanches ou noires, des requins gris, des raies...
Les nombreux clubs de plongée, à terre ou sur bateau, ne sont pas avares en bons conseils, nous aident à organiser nos plongées et nous pouvons même accrocher nos annexes à leur  bateau de plongée, en  nous laissant guider par leur puissant moteur. À cette condition, tout en papotage, la sécurité surface est fort agréable.

Un matin, nous avons eu la chance d'être réveillés en sursaut par des cris venant du centre de plongée tout proche.
-«  Baleines! Baleines!».
En effet, à l'intérieur du lagon, dans quelques mètres d'eau et tout prêt de notre bateau, deux baleines à bosses nageaient tranquillement. En moins de temps qu'il ne me faut pour l'écrire, les garçons sautaient dans leurs palmes et s'élançaient à la nage à leur poursuite.
Nous avons décroché l'annexe à la hâte, récupérer les nageurs et suivi un bon moment ces deux monstres des mers, émerveillés par la puissance de leur jets, et l'élégance de leur figures aquatiques!
Alors que ces deux baleines s'éloignaient, puis disparaissaient, nos cœurs battaient la chamade, conscients de cette chance incroyable et nous savourions cet instant magique, ce spectacle encore rare pour nous comme un cadeau de la nature, la cerise du gâteau.

Le lagon de Tahanéa, à une petite journée de mer au Sud, abritera notre bateau dans deux mouillages cartes- postales dont la vision nous enchantera chaque jour, de notre réveil au coucher du soleil.
Alphonse, un pêcheur vit, seul, dans une cabane au confort rudimentaire et part la nuit à la recherche des langoustes qu'il vend les jours suivants à la goélette. Grâce à sa gentillesse et à sa  générosité, nos barbecues sur la plage auront une saveur royale!
Il nous permettra même de squatter son foyer, ses bancs et sa table pour une soirée d'adieu avec la très  sympathique famille de "Let it Be", et l'équipage non moins jovial de " Téréva".

Nous nous habituons à nos nouveaux copains, les requins qui gardent notre bateau et qui tournoient sans cesse, guettant nos découpes de poissons avec avidité.
La première baignade est impressionnante mais c'est surtout la pêche sous- marine qui donne le grand frisson à nos deux champions à la bravoure pourtant légendaire.
À peine le poisson est- il transpercé par la flèche du fusil qu'un requin, ou plusieurs, attirés par l'odeur et les frétillements de la malheureuse proie, s'approchent, menaçants. Un  labre marbré, tiré par Patrick, à été englouti dans la mâchoire d’un requin venant de nulle part, en moins de temps qu’il n’en faut pour  remonter  le poisson dans l'annexe en grande vitesse!

L'organisation des plongées, par contre donne des maux de tête à nos navigateurs. Chaque logiciel de marée est consulté, les pêcheurs interrogés mais tous les pronostics sur les heures de courant entrant et sortant sont capillotractés et ne concordent pas:
Certains veulent rajouter une heure par rapport aux marées à Makemo, d'autres souhaitent deux heures par rapport à celles de Moorea, et le résultat final est rarement celui  escompté, car deux courants  successifs ne sont pas nécessairement inversés.
Les plongées rentrantes se retrouvent sortantes et vice- versa , l'une d'entre elle est carrément ratée mais largement récompensée par une balade en annexe en compagnie d' une dizaine de dauphins à la taille impressionnante, la visite de trois raies manta et du surf décoiffant sur les vagues du mascaret.
Mais la faune est tellement abondante que l'équipe de plongeurs, à peine la tête hors de l'eau, prépare la plongée suivante.

Les promenades en kayak le long du lagon sont un vrai bonheur, et permettent, sans bruit, sans vague, d'admirer les patates de corail et leurs habitants, de glisser paisiblement en profitant pleinement des lumières matinales ou couchantes.

La navigation inter- atoll est assez aisée, mais les entrées et sorties de lagons, par les passes, demandent évidemment une grande prudence, une bonne lecture des cartes, le sens marin du capitaine  et un peu de chance pour entrer ou sortir accompagnés de dauphins joueurs.

Nous pensons rester encore dans les îles Tuamotu deux mois, puis nous rejoindrons les Marquises pour la saison cyclonique, où une nouvelle vie nous attend, pleine de promesses fruitées.